UN EMINENT DEFUNT

C’est donc à la rencontre de l’Histoire et de la mémoire familiale que Prats de Mollo doit la visite le 6 avril 2018 du Prince Albert II de Monaco, à l’occasion de la restauration d’un des plus beaux fleurons de son patrimoine. C’est en effet en 1749 dans l’Eglise paroissiale qu’a été enseveli Marie -Charles-Auguste Grimaldi, comte de Matignon et de Carladez, qui après avoir activement participé à la Guerre de Succession d’Autriche, avait été nommé Brigadier (général de brigade) et Commandant de la place frontalière du Fort Lagarde, et était brutalement décédé à 27 ans, sans pouvoir être inhumé auprès de ses ancêtres. Rappelons que cet épisode se situe entre le rattachement du Roussillon à la France (lors du traité des Pyrénées en 1659) et son invasion momentanée par l’Espagne en 1793 sous la Révolution Française…

La cérémonie princière a commencé par le dévoilement dans l’Eglise d’une plaque commémorative de l’évènement, suivie par une messe solennelle célébrée par l’Archevêque de Monaco et l’Evêque de Perpignan, puis, après le détour par les « Escostes Paulette Dehoux » et les discours prononcés sur la promenade du Firal, a été clôturée par un vin d’honneur.

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La concélébration solennelle

(photos JF Pompidor)

UN TOIT D’EGLISE TOUT NEUF

Un modèle de sauvegarde du patrimoine

C’est une journée bien faste qu’a connue le 6 avril de cette année la cité de Prats de Mollo, avec une série d’événements, regroupés, bien que rattachés à des époques différentes , autour de la célébration de l’achèvement de la réfection de la toiture de la splendide Eglise Paroissiale des Saintes Juste et Rufine, qui domine le village et les environs, attendue depuis bien longtemps., D’un montant de 1 3OO OOO € financés conjointement par l’Etat, la Région, le département, et une souscription publique, cette opération (qui a permis également de consolider clocher de type lombard , ébranlé lors du séisme de 1428 , et d’étanchéiser certaines façades) conditionnait l’engagement d’indispensables travaux à l’intérieur, notamment la restauration des réputés retables dorés et de la riche statuaire .

(C’est à cette occasion que Prats de Mollo a reçu solennellement le Prince Albert II de Monaco, dont l’histoire familiale n’est pas totalement étrangère à celle de la cité : voir l’article ci-dessus).

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Une Eglise bien campée

(photos Georges Bantoure)

Une reconnaissance bien méritée

Et cette riche journée a été aussi le cadre du baptême d’une millénaire ruelle, (dite des « Escotes »), -pavée à l’ancienne et grimpant raide à cette même Eglise,- sous le nouveau nom d’une valeureuse Pratéenne, décédée il y a peu, Paulette DEHOUX qui, encore jeune, a courageusement œuvré pour la Résistance, notamment avec le réseau transfrontalier américain « HO-HO », en transportant documents et émetteurs de radio, puis réfugiée à Paris, s’est activée dans la clandestinité jusqu’à la Libération, et qui, centenaire, a entonné la Marseillaise avec ferveur lors de sa remise de la Médaille d’Honneur des Anciens Combattants.

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Les Escostes P. Dehoux

(photos Jf Pompidor)

DU « GOIG dels OUS » à la «PROCESSION du RESSUCITE »

Prats de Mollo n’évidemment pas manqué à la tradition locale des Fêtes Pascales., qui se sont ouvertes d’abord par « el Goig dels Ous », cette sorte d’aubade dans les rues du village, avec son refrain spécifique, agrémenté d’autres airs du répertoire traditionnel, offerte par la chorale Pratéenne « la Baratina » à laquelle se sont joints d’autres villageois , qui a pour but de récolter les ingrédients nécessaires à la confection de l’omelette pascale, gaiement partagée peu après en commun, et dont l’avant dernière étape est la remise spectaculaire d’un panier de victuailles par le Maire.

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L’aubade

(photos JF Pompidor)

Et c’est le dimanche pascal que se déroule, sur l’esplanade de l’Eglise, la  procession dite « du Ressuscité « qui autrefois parcourait les rues de la cité, jalonnées de reposoirs, où se croisent les statues de la Vierge et du Christ.. Voici -textuellement- ce qu’en rapporte un voyageur, en 1840 * =

« Les dévotions interminables du jour de Paques, ou entr’autres cérémonies j’ai remarqué une rencontre préparée- quoique le bon peuple croye fermement qu’elle est due au hasard, -entre le dieu des chrétiens et la sainte vierge, qui partant secretement de l’eglise chacun de leur côté se rencontrent tout à coup au détour d’une rue ; aussitôt la sainte vierge de s’arreter, d’arracher son voile et de saluer à trois reprises le tout puissant, de s’agenouiller et de lui adresser par la voix d’un pretre caché dans l’interieur de la Sainte Vierge sous les flancs des paroles saintes et respectueuses, qui attirent une reponse convenable (le tout en catalan) du Très Haut ; cette cérémonie qui n’a lieu qu’une fois dans l’année attire ici tous les pèlerins, ermites, mendiants et habitants des montagnes qui se retirent émerveillés surtout quant tous les ressorts et scènes de ce spectacle religieux ont été bien exécutés »

*(publié dans le n° 157 de la gazette locale « l’Arbre Mentider »)