Revue Costabona n°8

Année de publication : 2019.
Nombre de pages : 94.
Prix de vente : 7€.

Points de vente à Prats de Mollo :
– Librairie Sant Jordi
– Librairie J.F.A. Presse (maison de la presse)
– Librairie Can Gironella

Points de vente à Perpignan :
– Librairie Catalane
– Librairie Torcatis
– Librairie Cajelice (ex-Chapitre)

 

SommairE

  • Éditorial, par Ch. Roque
  • La Retirada – témoignages, par Fl. Falco, J. Planell, M. Ferrer
  • La retirada d’en Verdaguer pare segons son fill, par M. Valls
  • Jean Lareuse, témoin de son temps, par G. Bantoure
  • La curieuse inscription de la maison de J. d’Anglade, par A. Catafau
  • Les subsistances à Prats de Mollo (XVIIème et XVIIIème siècles), par R. Sala
  • Paysages et habitats naturels de la Réserve Naturelle de Prats, par P. Gaultier
  • Mourir en Vallespir aux XVIIIème  et XIXème siècles, par A. Ayats
  • Histoire postale de Prats de Mollo (suite), par J.-F. Pompidor
  • La vall de la Percigola : des mas et une vallée, par J. Peytavi
  • Actualités patrimoniales, par Ch. Roque

 

Couverture de la revue Costabona n°8
Couverture de Costabona n°8
Illustration : Aquarelle sur carton de Jean Lareuse (60x50cm, juillet 2007). Inspirée d’une photo de Jean Alis, où figurent Thomas Coll, Mateo Gracia et son père Mariano. Offerte à la commune de Prats de Mollo en la personne de Bernard Rémédi, son maire, lors de l’inauguration d’une exposition sur la Retirada présentée par la famille Lluis-Gual (août 2007).

 

Éditorial

Prats de Mollo et sa haute vallée – particulièrement concernées, à l’époque et dans le département, par le passage frontalier et l’arrivée de près de 100 000 réfugiés – ont, cette présente année de commémoration de la Retirada, revécu avec émotion ce tragique évènement. Pour en témoigner ici, et au plus près de la réalité, la parole d’abord a été successivement donnée à quelques-uns de ces éprouvés, alors encore enfants et accompagnants leurs parents, qui ont eu, avec leur famille, à en souffrir personnellement, puis à Pere Verdaguer, notre célèbre écrivain, qui a recueilli dans un ouvrage les souvenirs de Miquel son père.

Tous ces récits se rejoignent sur la relation d’épisodes communs : la pénible traversée de la frontière, l’accueil ferme et « directif » des autorités françaises, la longue séparation physique et familiale des couples privés de relations épistolaires – le tout jalonné de l’hébergement des hommes, sommaire et improvisé à ses débuts, notamment dans le camp d’Argelès-sur-Mer; et, pour les femmes et les enfants, de la dispersion dans des campagnes françaises souvent éloignées de notre département; enfin les efforts de chacun pour survivre et s’intégrer.

Une période aussi sombre a du reste profondément marqué les esprits, ainsi qu’on peut par exemple le constater sur la page de couverture du présent numéro, illustrée par une œuvre du peintre Jean Lareuse, qui a porté avec talent les couleurs et l’art catalans outre-Atlantique, en laissant dans la mémoire des Pratéens de souche et de cœur une trace indélébile. Fidèle, il est resté très attaché à cette cité; mais essentiellement aux États-Unis, où il avait fondé une famille et créé une galerie d’art, que s’est déroulée sa brillante carrière – couronnée de prix internationaux et jalonnée d’expositions.

C’est d’ailleurs non loin de cette chapelle du XVIIème siècle, qu’il avait embellie de quelques-unes de ses œuvres, qu’a été découverte une pierre en marbre, gravée en catalan, destinée alors à être posée à la vue de tous sur la façade d’une nouvelle et grande maison de Prats de Mollo. Elle comporte, comme de coutume, le nom du propriétaire, issu d’une vieille famille locale, et celui du maçon, graveur et constructeur. Mais, à y regarder de plus près, c’est le message que contient l’inscription qui est le plus porteur de sens : il s’adresse à une catégorie de la population, se situe au tournant de l’évolution des mentalités, et semble révéler l’existence de conflits latents économiques et sociaux.

Toujours autant révélatrice de environnement social et des modes d’existence du passé, des recherches généalogiques s’étendant du XVIIème au XXème siècles nous proposent ensuite un surprenant mais instructif échantillon de « destinées » diverses, à partir de registres d’état-civil du Haut-Vallespir, qui font apparaître un certain nombre de décès atypiques, soit d’individus en situation singulière, soit survenus dans des circonstances spécifiques ou insolites, soit découverts ou constatés dans des conditions particulières (telles que le lieu et la date ignorés ou l’identité inconnue).

Se poursuit également, dans le cadre plus général de son évolution en cours en France, l’histoire postale de Prats de Mollo-La Preste, des veilles du Second Empire aux débuts de la Troisième République. Outre la création locale d’une Boîte Rurale et d’un  Bureau frontière, la Poste a dû adapter ses tarifs en fonction de la nature du courrier, innover pour en faciliter la manipulation et coller, quant à l’esthétique et aux symboles, aux changements de régime politique, seul restant longtemps inchangé le mode rustique et périlleux d’acheminement des plis et de colis.

Sous l’angle de la découverte, dans la Réserve Naturelle de Prats de Mollo, des principaux habitats naturels et des diverses espèces visibles, nous est proposé cette fois-ci – succédant à la précédente présentation des enjeux du patrimoine naturel – l’exposé de ses richesses, tant dans le domaine minéral que biologique, ainsi que l’histoire de leur évolution. Profondément influencé – et plus qu’affecté – par les activités humaines (concernant le bois, les pâturages, les mines…), ce patrimoine semble pouvoir peu à peu, en dépit des constantes pressions, revenir à sa « dynamique naturelle », à laquelle pour conclure, l’auteur invite chacun d’entre nous à coopérer sous diverses formes.

Par ailleurs, dans le prolongement de la description de la prospère activité pastorale de la haute vallée du Tech(1) aux XVIIème et XVIIIème siècles, c’est à présent dans le domaine agricole que nous est offert un aperçu des conditions de vie, et notamment des moyens de subsistance de ses nombreux habitants, sur un sol instable et ingrat, en constante expansion, exposé aux sévères variations climatiques, avec son fréquent de disettes, d’épidémies et de tensions sociales, plus ou moins contenues par l’intervention de l’autorité municipale, et compensées par le retour à d’autres sources familiales et de proximité.

Et c’est dans la profonde et naguère prospère vallée de la Parcigola – où néanmoins la nature sauvage reprend peu à peu ses droits – qu’il faut pénétrer, pour que paraisse pleinement justifiée la qualification du Haut-Vallespir comme le « pays des mas », tant y sont encore visibles les traces d’un habitat dispersé dans la forêt et les friches escarpées, souvent dégradé ou en ruine mais si harmonieusement accordé au paysage. Après avoir souligné l’originalité, dans notre département, de la forte densité de ce type de présence humaine et de celle de l’occupation des sols, l’auteur énumère le nom de chaque mas avec son altitude, son accès, son étymologie, le volume et l’état de ses bâtiments, le niveau de ses anciens revenus, le nom et l’origine des familles qui s’y sont établies.

Un nouveau tour d’horizon sur le patrimoine de cette cité et de sa haute vallée, leur histoire, leurs ressources, leurs singularités…

Christian Roque
Président de Velles Pedres i Arrels

 

(1) Ramon Sala, La transhumance à Prats de Mollo. Revue Costabona n° 5, 2016.