Revue Costabona n° 7

Année de publication : 2018.
Nombre de pages : 88.
Prix de vente : 7€.

Points de vente à Prats de Mollo :
– Librairie Sant Jordi
– Librairie J.F.A. Presse (maison de la presse)
– Librairie Can Gironella

Points de vente à Perpignan :
– Librairie Catalane
– Librairie Torcatis
– Librairie Cajelice (ex-Chapitre)

 

SommairE

  • Le Mot du Président, par Ch. Roque
  • La vallée de Prats en 1327, par A. Catafau, R. Saguer, F. Lemartinel
  • De contrapassos, par M. Valls
  • Un peintre vénitien à Prats de Mollo, par Ch. Roque
  • Les enjeux du patrimoine naturel de la Réserve Naturelle de Prats, par P. Gaultier
  • El pou de glaç del Bac Petit, par J. Colomer
  • Prats de Mollo aux XVIIème et XVIIIème siècles : l’ager et le saltus, par R. Sala
  • François Berny, médecin pratéen, par J.-M. Benoit et A. Ayats
  • Histoire postale de Prats de Mollo, par J.-F. Pompidor
  • Trouvailles monétaires dans les montagnes pratéennes, par J.-C. Pruja
  • Le coin du Bibliophile, par S. Roca
  • Les nouvelles publications
  • Vie associative et actualités patrimoniales, par Ch. Roque

 

Couverture de la revue Costabona n°7
Couverture de Costabona n°7
Illustration : Lithographie d’Elio Brombo (tirage 60 exemplaires) représentant une sardane dans le ciel de Prats de Mollo La Preste, entourant son église. Huile sur toile généreusement offerte par l’artiste à l’occasion d’une tombola organisée par « els Amics de la Sardana » et gagnée par un « foraster », lequel le décida à réaliser cette lithographie afin que les pratéens puissent en garder le souvenir.

 

Le Mot du Président

Peu après la publication du précédent numéro de Costabona, a été commémoré à Prats de Mollo le 40ème anniversaire d’un dynamique groupe, « Els Amics de la Sardana » (autrement dit le « Foment », toujours à l’œuvre), à l’origine d’une « belle aventure »* menée alors par une population entière, et qui ne compte pas seulement à son actif -entre autres multiples et diverses actions- son concours déterminant à la consécration de la cité comme « Ciutat Pubilla de la Sardana ». C’est qu’en effet la renaissance d’une belle tradition perdue depuis près d’un demi-siècle sur notre versant des Pyrénées.

C’est justement à propos de cette dernière que Miquela Valls, professeur d’université et spécialiste reconnue de littérature, commente le poème « De Contrapassos » d’un fervent amoureux du passé, Pau Berga, qui évoque les rituelles séquences de toute fête votive dans notre région. Comment les Pratéens ne se reconnaitraient-ils pas, pleinement et avec émotion, dans cette remémoration, eux qui désormais pratiquent régulièrement, lors des festivités locales, avec même plus de solennité qu’il y a quelques décennies, leur « contrapàs parcigolenc », cette antique danse d’origine religieuse.

Mais au-delà de cette facette festive, le patrimoine pratéen possède, comme nous le dévoile ce numéro, bien d’autres ressources du même ordre, qu’il s’agisse d’art, de science ou de littérature.

Ainsi pendant des dizaines d’années, un peintre vénitien à la renommée internationale, Elio Brombo, délaissant pour la circonstance la pratique de son style contemporain, a ravi, au cours de ses séjours estivaux dans la haute vallée du Tech, les amoureux de la cité millénaire et de ses alentours, par ses fraîches et lumineuses aquarelles.

C’est ainsi également que nous est présentée l’œuvre pionnière du docteur François Berny, pratéeen né en 1875 qui, en une vingtaine d’années à peine, avec les moyens techniques du moment (un véritable exploit pour l’époque) a « énoncé clairement pour la première fois, l’essentiel des idées actuelles sur les eaux de La Preste, en matière de traitement urinaire ».

Enfin nous découvrons, dans une brève mais précieuse bibliographie illustrée, une douzaine d’œuvres, à cheval sur les 18ème et 20ème siècles, qui portent tant sur l’histoire locale (religieuse, politique, municipale et poétique) que sur la médecine et le thermalisme.

Ce goût du divertissement et cette curiosité pour les arts et les lettres des anciens de cette haute vallée ne les détournaient pas pour autant, du moins entre le XVIIème et le début du XXème siècles, du souci de leur confort et de leur bien-être, à en juger par leur ingéniosité à creuser en profondeur dans la roche, alimenter régulièrement et à organiser avec soin l’exploitation des puits de glace, aux traces encore visibles, destinés lors des grandes chaleurs estivales à conserver les aliments, rafraîchir les boissons et même venir en aide aux malades.

Toutes ces occupations avaient, bien entendu, pour assise et pour cadre d’intenses activités pastorales et agricoles, sur lesquelles se greffaient des activités techniques (comme les forges) et artisanales (comme le tissage). S’agissant des ressources agraires, deux approches nous sont ici proposées.

D’abord celle d’une équipe de chercheurs dirigée par Aymat Catafau, professeur de l’Université de Perpignan, sur la vallée de Prats au XIVème siècle,à travers son « Capbreu« , document royalqui décrit l’environnement économique et social de cette dernière, au plan de la population, de ses composantes et de leur statut, de l’habitat essentiellement rural, et notamment des lieux-dits, des terres cultivées suite aux défrichements par le feu, ainsi que les patrimoines, les taxes et redevance, parfois en nature ou à la force des bras.

Ensuite celle, au XVIème et XVIIème siècles, d’un tableau du terroir de cette région (« ager et saltus »), présenté par Raymond Sala, professeur émérite des universités**, de sa répartition en fonction de sa localisation, de sa surface, de son mode d’exploitation, de sa destination, de sa valeur, ainsi que de son évolution dans le temps, avec, aux veilles du XIXème siècle, un important accroissement de la population, ainsi que des défrichements et des déboisements intensifs, à l’origine d’une certaine précarité de vie.

Rurales ou non, des activités aussi soutenues ne se concevaient évidemment pas sans un fond d’échanges économiques et un dense réseau de relations humaines.

Ces échanges existaient déjà de longue date, comme en témoigne d’abord la découverte, décrite par le numismate attitrée de cette revue, aux alentours de Prats de Mollo, enfouies depuis de nombreux siècles, de monnaies en argent datant de l’époque romaine, puis du milieu du Moyen Age catalan, et enfin du XVème siècle gascon.

Mais aussi plus récemment, celle de la modernisation de la Poste, qui a tant contribué au désenclavement de la vallée et à la diversification de son économie et dont les étapes sont décrites, de la desserte par chevaux puis mulets, à la création d’un bureau de Direction, à celle du timbre-poste, favorisée par Etienne Arago, ou d’une Poste et des Boîtes Rurales jusqu’à l’adoption d’un code et d’une signalétique bien typés.

Et pour conclure le tout, n’est-il pas logique et justifié d’évoquer le patrimoine « naturel » de la haute vallée du Tech -socle primitif et matrice de toutes ses ressources matérielles et immatérielles passées et actuelles- sous l’angle d’un aperçu imagé de ses traces les plus visibles ou typiques, tant géologiques que biologiques, que s’efforce de préservé la Réserve Naturelle de Prats de Mollo, dans le respect et la défense de la biodiversité de l’écosystème.

Bref, un nouveau périple à travers le temps sur ce territoire aux innombrables richesses…

Christian Roque

*détaillée au n°4 de la présente revue (2015), dans l’article « une Mémorable Décennie 1976-1986 ».
**dans la continuité de son article sur l’état de la transhumance à Prats de Mollo aux XVIIème et XVIIIème siècles, exposé dans le n°5 de la revue (2016).