Revue Costabona n°1

Année de publication : 2012.
Nombre de pages : 55.
Prix de vente : 7€.

Points de vente à Prats de Mollo :
– Librairie Sant Jordi
– Librairie J.F.A. Presse (maison de la presse)
– Librairie Can Gironella

Points de vente à Perpignan :
– Librairie Catalane
– Librairie Torcatis
– Librairie Cajelice (ex-Chapitre)

Sommaire

  • Dédicace à Roger Coromines
  • Le Mot du Président, par Ch. Roque
  • Avant Propos : Terra Incognita, par O. Lluis Gual
  • El Llibre dels Conllochs (revenus de la transhumance estivale), par G. Dalmau
  • El Contrapàs a Catalunya Nord, par O. Lluis Gual
  • Des distractions des jeunes de Prats au XVIIème siècle, par J. Colomer
  • Les derniers ours de Prats de Mollo, par R. Faitg et Ch. Roque
  • Le cadastre Napoléonien de Prats de Mollo, par S. Roca
  • Le Dolmen de Castello, par O. Lluis Gual
  • Le Coin du Bibliophile, par S. Roca
  • La Torre del Mir ou Torre del Castellar, par G. Bantoure
  • Le château de Perella, par J. Colomer
  • Compte-rendu des Journées du Patrimoine, par Ch. Roque
  • Compte-rendu du Conseil d’Administration du 20/12/2011, par Ch. Roque
  • Publications sur Prats de Mollo en 2011
  • L’appel des Vieilles Pierres
  • Texte aux écoliers du début du XXème siècle

 

Couverture de la revue Costabona n°1
Couverture de Costabona n°1
Illustration : L’oratoire du Miracle (cliché Oriol Lluis Gual).

 

Présentation

Outre les activités annexes de l’association, les publications et les conférences, ce premier numéro traite des principaux « piliers » du patrimoine emblématique pratéen : l’Ours d’abord (notamment sa chasse et capture, dans les fosses -ou « subes vernaculaires » ; sa disparition progressive de ses terres de prédilection, suite à la déforestation consécutive aux cuture intensives et à la multiplication des forges catalanes).

Ensuite l’antique Contrapàs -dit “percigolà” à Prats-, d’origine religieuse, exécuté entre hommes lors des fêtes du village, ranimé au cours des années 1970… Également la Tour à signaux du Mir (dominant le haut de la vallée et qui servait, à l’aide de feux, à indiquer tout danger ou l’approche d’un ennemi). Auxquels s’ajoutent le dolmen du Castelló, récemment redécouvert; ainsi que l’ardue confection du cadastre Napoléonien, sur la commune la plus étendue du département.

S’en suivent la présentation du « Llibre dels Conllochs », précieux ouvrage du XVIII° siècle, consignant les revenus de la transhumance estivale, et enfin la bibliographie de l’historien le plus prolixe et savant du Haut Vallespir, l’abbé Gibrat.

Mais comment taire l’évocation -à une époque moins attachée au patrimoine local- du touchant appel aux écoliers du département, lancé par un groupe d’instituteurs, il y a un peu plus de 100 ans*, les incitant à, « comme tout bon Catalan », « sauver de l’oubli toutes ces traditions, à préserver de la destruction tous ces monuments, à garder précieusement ces glorieux vestiges des époques disparues » ?

* dans une brochure intitulée Petite Histoire du Roussillon.
 

Dédicace à Roger Coromines

Aquest primer número de « Costabona » va dedicat al nostre President d’honor i amic

ROGER COROMINES

membre fundador de l’Associació « Velles Pedres i Arrels »,
pratenc de soca i d’arrels,
amant de les nostres muntanyes,
sardanista emèrit,
mantenidor de les nostres tradicions,
i durant molt anys portaveu de la gent del poble de Prats.

 

Le Mot du Président

Un superbe patrimoine pour une grande part en friche, de solides précédents en matière de restauration de monuments réputés, un intérêt nouveau pour, désormais, toutes les manifestations du passé sur l’ensemble du territoire, des projets en abondance et déjà des premiers résultats, un soutien sans faille de nombreux sympathisants…

Il n’en fallait pas plus pour que naisse, au sein de l’association de sauvegarde du patrimoine « Velles Pedres i Arrels », le besoin pressant, à la fois d’un organe d’information complémentaire pour ses adhérents, et, en même temps, pour ses membres les plus engagés (comme ceux qui voudraient s’y associer), d’une sorte de tribune pour exposer publiquement et amplement les découvertes et leur portée, les réflexions sur le patrimoine connu, les hypothèses envisagées, et le point sur les projets, les perspectives.

L’occasion s’est du reste présentée, lors de la recherche d’un tire emblématique à la présente Revue, de mesurer non seulement la variété et la richesses des traditions ou des noms de lieux du territoire (du Costabona à l’Arbre Mentider, en passant par la Torre del Mir, le Contrapàs, le Rincon, le Granarols, la Placeta del Rei, et j’en oublie), mais encore le zèle et l’enthousiasme de chacun à proposer l’évocation, pour les uns, d’un site « phare » au titre de sa renommée, et pour les autres celle d’un lieu « fétiche », cher au cœur de tous. Et c’est « Costabona » qui a été l’heureux élu.

Comment s’en étonner ? L’élégante et imposante silhouette de ce pic, chargé de légendes, surplombant les sources du Tech et dominant jusqu’à Prats de Mollo toute sa haute vallée, accrochant les premiers signes de mauvais temps, tout comme ses pentes désertiques que traverse la Méridienne Verte et qu’il ne partage qu’avec ses voisins du sud, ne pouvaient que faire l’unanimité.

Et n’est-il pas stimulant de pouvoir rapprocher aujourd’hui cette manifestation d’attachement au patrimoine local, à présent de plus en plus partagé en France, avec le vibrant appel (reproduit en fin de ce premier numéro de la revue) lancé il y a juste cent ans par un groupe d’instituteurs, aux « écoliers catalans », dans leur brochure « Petite Histoire du Roussillon » ?

Pour ces enseignants, précurseurs de la notion même de sauvegarde du patrimoine, alors encore peu répandue, et chargés d’enraciner la langue française dans ces jeunes cerveaux, les élèves devaient n’avoir pour seul désir, comme « tout bon Catalan », que de « sauver de l’oubli toutes ces traditions, préserver de la destruction tous ces monuments, garder précieusement ces glorieux vestiges des époques disparues ».

*   *   *

Mais qu’en est-il de cette association elle-même, aux sonorités rugueuses et aux mots imagés, « Velles Pedres i Arrels » ? Et où en est-elle ?

Elle a été créée en 1990 par un groupe de passionnés du patrimoine, avec pour objectif prioritaire de restaurer (en partenariat avec la municipalité ainsi qu’avec les autres collectivités et divers services techniques) les édifices anciens les plus significatifs de la commune et de ses environs proches.

Une partie de cette mission est achevée (la Torre del Mir), une seconde s’est poursuivie avec succès (le Fort Lagarde), une troisième est provisoirement ajournée (la chapelle pré-romane Sainte Marguerite et son hospice médiéval attenant, proches du Col d’Ares), enfin une autre est programmée (la réfection du toit de l’église, et sa suite, le Trésor de l’église).

Récemment, et sans renoncer à la préservation et à la restauration des édifices en danger de dégradation ou de disparition, l’association a souhaité, conformément à ses statuts, s’ouvrir, sur l’ensemble de son vaste territoire (le premier du département par la surface) et en partie frontalier, à tous les aspects de son très riche patrimoine tant matériel qu’immatériel dont, notamment, sa culture.

C’est ainsi que le programme couvre d’une part les vestiges « palpables » des aspects socio-économiques du passé, comme les activités agricoles, pastorales, sylvicoles, commerciales, minières, artisanales, thermales, transfrontalières etc, qui seront préservés et au besoin restaurés.

D’autre part, sont prises en compte, dans les mêmes conditions, les manifestations moins « tangibles » (comme disent nos proches voisins du sud), à savoir l’histoire, les sources écrites, les traditions festives ou cultuelles, les coutumes, les pratiques de tous les jours, les contes et légendes.

Et pour la première fois dans notre haute vallée, pour éviter un retour à l’oubli, toutes les informations déjà disponibles ou qui seront collectées (par prospection sur le terrain, recueil de témoignages et recherches documentaires) sur l’ensemble des éléments du patrimoine de Prats de Mollo, seront regroupés à cette occasion. Elles seront destinées à être recensées, enregistrées, classées, sécurisées, commentées, actualisées, exploitées à la demande, et en tout état de cause, définitivement conservées dans une base de données informatique.

De même, le mobilier et les objets traditionnels, acquis par l’association, ou offerts par de généreux donateurs, seront placés en lieu sûr, et exposés au public.

Comme un signe d’encouragement, les premiers fruits de cette expérience globale et sans précédent commencent à apparaître : découverte de plusieurs vestiges préhistoriques, nouveaux axes de recherche, constitution d’une collection d’objets anciens, dont d’un fonds documentaire de culture catalane etc…

Et, pour consolider ces avancées en cours, sont mis progressivement en place des outils de gestion appropriés (informatisation, comité technique restreint) et de communication (site internet, la présente revue, des contacts divers).

Un grand chantier est donc ouvert.

Sont chaleureusement invités à y participer tous ceux que pourraient attirer notre haute vallée, les vestiges du passé, ou la culture catalane.

« El passat per endavant », telle pourrait être notre devise, dans une perspective dynamique, pour faire de notre patrimoine, comme Jean Jaurès le disait des traditions, non des « cendres » mais des « braises ».

Christian Roque

 

Avant-ropos : Terra incognita

La Vall de Prats ne se limite pas à être la plus grande commune du département en termes d’hectares, elle est aussi un de ses derniers bastions qui a toujours gardé et adapté son patrimoine. On pourra le voir dans ce numéro avec l’exemple, significatif, du contrapàs. D’autres traditions comme la Fête de l’Ours, Carnaval, la matança del porc font encore partie du patrimoine collectif et méritent d’être étudiés.

Pourtant, étrangement, bien peu d’études scientifiques ont été réalisées sur ce village et son territoire. Peut-être son isolement relatif en est-il la cause ou peut-être est-ce dû à la trop grande superficie de forêts, difficiles d’accès. En tout cas nous espérons qu’avec cette revue cette lacune sera, en partie, comblée.

Nous avons ainsi voulu conserver les toponymes et noms de lieux originaux, ceux utilisés depuis toujours par les habitants, en catalan, car ils sont tous « porteurs d’histoire » comme disait Pierre Ponsich. Ainsi ce n’est pas « Prats-de-Mollo-la-Preste » que vous trouverez écrit dans cette revue, mais Prats de Molló ou La Presta.

Pour illustrer la couverture de ce premier numéro de « Costabona », le choix s’est vite porté sur l’oratoire du Miracle car en plus d’être le plus connu et le plus représentatif de Prats, il sera sûrement d’un certain intérêt archéologique dans les années à venir. Déjà dans ce numéro il sera fait plusieurs fois référence à lui.

J’aimerais finir cette avant-propos en adaptant les paroles du grand érudit Jaubert de Reart lorsqu’il écrivit au premier bulletin de la S.A.S.L. : « Faisons tous nos efforts pour qu’on puisse dire un jour : il y eut à Perpignan une société d’hommes à intentions généreuses, dont les travaux furent utiles à leur pays ».

Peut-être qu’un jour nous nous rappellerons que des hommes de la sorte se sont aussi battus pour la reconnaissance de leur village, de leur vallée et de tous ces petits éléments de nos racines que nous avons trop souvent tendance à oublier et qui font pourtant la richesse de la Vall de Prats de Mollo.

Oriol Lluis-Gual