Revue Costabona n°10

Année de publication : 2021.
Nombre de pages : 96.
Prix de vente : 7€.

Points de vente à Prats de Mollo :
– Librairie Sant Jordi
– Librairie J.F.A. Presse (maison de la presse)
– Librairie Can Gironella

Points de vente à Perpignan :
– Librairie Catalane
– Librairie Torcatis
– Librairie Cajelice (ex-Chapitre)

 

SommairE

  • Éditorial, par Ch. Roque
  • Juste et Ruffine : de Séville à Prats de Mollo, par J. Colomer
  • Les màrtirs Justa i Ruffina i la ciutat d’Oriola, par A. Galiano
  • Justa i Ruffina patrones de Prats de Mollo, par J. Colomer
  • El Roc del Frare, par M. Valls
  • Les rites funèbres à Prats de Mollo (du XVIIème au XXème siècles), par R. Sala
  • Sus à Montferrer ? l’Ost de Prats, par A. Catafau
  • La Passio del Reverent Francisco Esperiqueta, par P. Vila
  • Les torrents de montagne dans la Réserve Naturelle de Prats, par P. Gaultier
  • Le reboiseur du Haut-Vallespir, par J. Guisset
  • Morphologie et évolution des versants de la vallée du Tech, par J. Dunyach
  • L’ours médiateur de la fécondité, par R. Bosch
  • Le coin du Bibliophile, par S. Roca

 

Couverture de la revue Costabona n°10
Couverture de Costabona n°10
Illustration : Tableau non-daté d’André Alis (1883-1958, pharmacien, photographe et peintre à ses heures), qui se trouve dans la Chapelle du Rosaire en l’église paroissiale de Prats de Mollo (photo Jordi Colomer)
La composition s’inspire des représentations “sévillanes” des saintes Justa et Rufina : les deux saintes patronnes de Séville entourent et soutiennent la Giralda qu’elles auraient empêché de s’écrouler pendant le tremblement de terre de 1504.
De même, selon l’auteur du tableau, Justa et Rufina, patronnes de la ville de Prats de Mollo, auraient protégé le clocher lors du tremblement de terre de la Chandeleur en 1428.

 

Éditorial

C’est avec une grande satisfaction que ce 10ème numéro de la revue bilingue Costabona vous est présenté. Editée par l’association Velles Pedres i Arrels, cette publication n’a cessé de tenter de tirer de l’oubli, pour les faire connaître au plus grand nombre, toutes les richesses du riche passé de Prats de Mollo et de sa vallée, encore peu explorées et dont le territoire est le plus étendu du département des Pyrénées-Orientales, qu’il s’agisse de ses vestiges bâtis, de ses anciennes activités pastorales, sylvicoles, industrielles ou artisanales, de ses voies de circulation mais aussi de son histoire, de ses pratiques et coutumes, de ses trésors artistique, et de ses traditions festives.

Nous associons à ce sentiment nos fidèles lecteurs et abonnés et leur exprimons notre sincère gratitude pour leur indéfectible soutien.

Si dans les derniers numéros de Costabona, ce sont des évènements assez récents mais très éprouvants comme la « Retirada » et « l’Aiguat de 1940 » qui ont constitués les thèmes principaux, cette place sera cette fois-ci occupée – parmi bien d’autres sujets plus profanes – par deux figures apaisantes, depuis longtemps vénérées et encore aujourd’hui célébrées par les Pratéens, celles de leurs deux saintes patronnes, Justa et Ruf

D’origine sévillane, leur culte s’est ensuite largement étendu dans la péninsule ibérique, jusqu’à franchir les Pyrénées et investir le Haut-Vallespir, et c’est une partie de leur périple que nous présentent les trois articles qui leur sont consacrés.

C’est Jordi Colomer qui le premier aborde leur cheminement, de la naissance à Séville, où ces deux sœurs de confession chrétienne, martyrisées pour avoir refusé d’offrir à une divinité païenne des vases qu’elles vendaient, seront ensuite l’objet d’une dévotion largement répandue. C’est ensuite le chroniqueur officiel de la ville d’Oriola qui relate la légende des deux étoiles symbolisant nos Saintes. C’est enfin Jordi Colomer qui rappelle la légende catalane sur la venue des deux saintes sévillanes à Prats, et la ferveur immense de ses habitants.

Pour rester dans cet univers de spiritualité, découvrons, présentés par Pau Vila, des extraits de l’œuvre théâtrale populaire, au XVIIIème siècle, d’un prêtre de Prats de Mollo, le révérend Esperiquette, sur la Passion du Christ, avec certains de ses passages et des indications scéniques. Enfin, avant de se retirer de ce monde de religiosité, familiarisons-nous, grâce aux recherches de Raymond Sala, avec les minutieux rites funéraires de Prats de Mollo dans les quatre siècles précédents, autour de la notion de « bonne mort », des derniers sacrements à l’ensevelissement dans le cimetière, un espace en cours de désacralisation mais toujours dédié au culte du souvenir.

A ces époques, les mythes étaient restés vivaces, même auprès des chrétiens. N’en est-il pas ainsi de la fable du capucin « frère Miquel », rapportée à sa manière par Miquela Valls à partir de la version personnelle de Désiré Casso : éperdument amoureux d’une toute jeune fille égarée dans la montagne, qu’il avait sauvée puis perdue, il avait fui son couvent pour partir à sa recherche, mais avait été foudroyé et converti en rocher, encore visible aujourd’hui.

Quant à la célèbre légende de l’Ours, revisitée dans ce numéro par Robert Bosch, elle évoque l’attrait sexuel réciproque de la femme et de cet animal sauvage, et la persistance de cette croyance par la mise en scène des Fêtes de l’Ours. Ce mythe serait né pour lutter contre la propension aux unions consanguines en ouvrant à « l’étranger » (marginaux, étrangers, ours, etc) l’accès au groupe, et a été complété, en outre, dans nos représentations publiques, de la séquence finale de l’humanisation et de l’intégration sociale.

Fidèle aux thèmes d’ordre historiques régulièrement abordés par la Revue, Aymat Catafau nous décrit le contexte et les conditions d’une intervention pratéenne de l’institution médiévale de l’Ost (la mobilisation en troupe armée des hommes de la vallée) sur le territoire de Montferrer, suite à un conflit avec le seigneur de ces lieux, qui est l’occasion d’avoir un aperçu, outre des conditions de vie de cette époque, de l’organisation politique, judiciaire et administrative du territoire avec son empilement et son croisement de compétences.

Il est également ainsi de cette vaste entreprise de « maîtrise des érosions et de reboisement massif », décidée en 1944, suite aux inondations de 1940 et 1942, entreprise qui a duré une trentaine d’années, et que nous résume Jean Guisset, chef pépiniériste d’alors, avec un peu de nostalgie mais beaucoup de fierté… Cette opération d’envergure a profondément modifié l’environnement de notre vallée, en couvrant de belles forêts aux essences diverses les vastes étendues dénudées de la moyenne montagne.

C’est ensuite avec le prolongement du sujet central de « l’Aiguat » (développé l’année dernière) que Pascal Gaultier attire notre attention, sur les torrents d’altitude, les milieux aquatiques et la nécessité d’en préserver l’intégrité. Rappelant les menaces pesant sur la biodiversité et citant les espèces les plus en danger, il souligne les risques que fait courir l’homme et son mode de vie actuel sur la qualité physico-chimique de l’eau et propose des modes de gestion adaptés.

Joseph Dunyach complète son étude commencée dans le numéro précédent, en se référant à de multiples études géophysiques savantes sur la naissance et les transformations successives de la vallée du Tech. Il nous en livre un résumé, allant des époques de réchauffement climatique aux périodes de glaciation, entraînant de profonds changements morphologiques.

Figure aussi dans le présent numéro, comme la plupart des années précédentes, une intéressante présentation bibliographique établie par Serge Roca, de périodiques anciens, souvent rares, traitant de tous les aspects de la vie sociale, économique et culturelle de Prats de Mollo.

Christian Roque