VINGT ANS D’EPREUVES

C’est une période peu connue en France, celle de la fin de la Guerre civile espagnole et de ses douloureuses suites, entre 1939 et 1959, qui est donnée à voir ces temps-ci au Salon d’Honneur de la mairie de Prats de Mollo. Elle est organisée dans le cadre des échanges culturels animés par le Pays d’Art et d’Histoire Transfrontalier du Tech et du Ter, à l’aide de panneaux réalisés par l’Ajuntament de Barcelone conjointement avec le Muséeu Etnologic, et prêtés par la Casa de la Generalitat de Perpignan.
Intitulée « Fam i Guerra a Catalunya », elle évoque les tragiques moments de répression et de disette dont s’est accompagnée , pendant au moins deux décennies, la prétendue «  libération » de l’Espagne par les troupes franquistes.

Pour Prats de Mollo , qui au début de l’hiver 1939 a vu -et provisoirement accueilli -près d’une centaine de milliers de soldats et de familles franchir le Col d’Ares sous la neige, ces épisodes font revivre des souvenirs poignants , auprès des témoins, mais plus encore des descendants de ces réfugiés, dont un certain nombre se sont établis avec succès dans le Département, revivifiant à cette occasion la culture catalane commune.

la présentation de l’exposition (photo JF Pompidor)

UN TEMOIGNAGE PATRIMONIAL EXCEPTIONNEL

La fête de l’Ours à Prats de Mollo il y a 65 ans


Prats de Mollo n’en finit pas de renouer avec la mémoire de ses traditions, dans ce qu’elle ont de plus lointain et donc de plus authentique  :
après la conférence, le mois dernier d’une anthropologue du CNRS, Sophie Bobbé , (-complément à son enquête de terrain ,il y a un trentaine d’année-, sur ce rite populaire local chargé de symboles qu’est la Fête de l’Ours,) , c’est sous la forme d’un reportage de nature ethnographique , réalisé dans notre Cité il y a plus de 6O ans par un professionnel de la photographie , qu’une nouvelle visite du passé nous est à présent proposée à la Médiathèque.

Scientifique ou artistique, cette double remontée aux sources n’ a pas manqué de toucher tous ceux qui s’y sont reconnus avec émotion , acteurs directs (-comme d’anciens hommes-ours et leur escorte,) ou – encore tout gamins- ,simples témoins captivés par l’enchainement de chacune des scènes de ce spectacle rituel, profondément enraciné dans l’imaginaire des Pratéens.

Cette fois ci, c’est l’association « Costumari de Catalunya Nord », dédiée au recueil des coutumes festives catalanes, qui , en partenariat avec la Municipalité, a organisé cette manifestation, -précédée d’une souscription et doublée d’un catalogue,- à partir d’un fond «Jean  Ribière », du nom de cet ancien journaliste et fondateur d’une Agence ,auteur de véritables reportages sur les anciens modes de vie et d’activités dans notre département. Prises lors des Fêtes de l’0urs de 1952, les 36 vues inédites en noir et blanc,  au remarquable rendu «  argentique », ont été captées la plupart sur le vif, avec le coup d’œil précis et aiguisé d’un homme de l’art.

Mais laissons parler Guillem Dalmau, rédacteur du catalogue (et co- organisateur de l’exposition avec Oriol Lluis Gual) : « à la différence des images disponibles, photos « souvenir »-, souvent posées et convenues », et « en la quasi-absence d’archives écrites »..« il s’agit d’une des premières  démarches de reportage .. complet et dynamique» sur le déroulement de la Fête. Quant à l’enseignement qu’on peut en tirer, c’est que « depuis les années 1950 la tradition a été maintenue », qu’elle était alors « très peu médiatisée » (« ni spectateur ni curieux, rien que des Pratéens »), que certains détails de la fête ont un peu évolué depuis, et enfin que son  « organisation était spontanée, » et «  transmise  oralement et de mémoire entre les générations »

Un pas de plus, et d’excellent niveau, dans la mise au jour progressive de ce précieux volet de notre patrimoine…..

(de G à D) : le Maire, la fille de Jean Ribière, Guillem Dalmau, Oriol Lluis Gual (photo JF Pompidor)

Canigou et Soleil couchant

C’est par un article récent paru sur le quotidien départemental l ‘Indépendant que revient à la mémoire du lecteur l’évidence que la Méditerranée, vaste étendue d’eau salée qui borde tant de pays liés par une histoire plurimillénaire et un climat communs , reste toujours aussi proche et familière à tous ses riverains , méritant ainsi toujours son nom de « Mare Nostrum ».

En effet c’est, en ce début de mois, grâce à Alain Origné, astrophysicien, qu’est ainsi publiée une indiscutable confirmation optique de la réalité de ce qu’on croyait être une légende ou une galéjade , celle de la vue , au soleil couchant, autour du 9 février et du 31 octobre , du Massif du Canigou à partir de Marseille, situé à 25O kms ; un tel spectacle était en effet tenu jusqu’ à présent pour impossible, toute ligne droite tracée entre les deux passant théoriquement à 120 m au-dessous du niveau de la mer.

Cette nouvelle preuve n’a pas qu’un intérêt scientifique : une telle proximité inespérée (la voie terrestre s’étale sur près de 400 kms) réjouira, non sans émotion, les Provençaux d’origine Catalane, et notamment les Pratéens vivant en Provence. Il ne faut pas oublier en effet que la haute vallée du Tech serpente au pied du versant Sud de cet imposant massif, chargé de légendes, qui s’élève à 2.750 m, et que ses propres et plus hautes estives s’arrêtent à la limite des paysages minéraux entourant sa cime.

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La preuve… chiffrée !!…

Observation du Canigou aux environs de Marseille le 4 fevrier 2011
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Observation du Canigou aux environs de Marseille le 4 fevrier 2011

IL ETAIT UNE FOIS DES OURS…

« Une réflexion anthropologique sur les rapports homme-ours »

C’est dans une complicité manifeste avec l’assistance que Sophie BOBBE, anthropologue (CNR-EHESS), est revenue sur les lieux de ses premières recherches, qui portaient alors et déjà sur l’Ours en Catalogne ; et c’est ensuite que, (entre autres études sur les activités humaines, animalières et environnementales), elle les a complétées, élargies et enrichies par d’autres travaux sur les rapports entre l’homme et l’animal, y compris dans d’autres Etats d’Europe.

Il ne s’agissait, cette fois ci, non plus du volet festif des célébrations locales de ce plantigrade, mais d’une approche plus psycho- sociale de la relation complexe et ambigüe entretenue, au cours de l’histoire, avec cet animal sauvage, si peu éloigné de l’être humain et souvent l’objet d’un quasi-culte (l’Eglise n’a-t-elle pas dû prohiber sa représentation sur les étendards des « Princes» de l’époque pour la remplacer par celle d’un…lion ?) .

Il a été à cette occasion rappelé, notamment par Robert Bosch, spécialiste de la question, que c’est justement par ses enquêtes sur le déroulement de ces traditionnelles fêtes de l’Ours dans le Haut Vallespir que Sophie Bobbé a commencé, une trentaine d’années en arrière, sa carrière universitaire, en y associant spontanément, pour la première fois alors, (telle une préfiguration de leur candidature, conjointe et en cours, à une inscription auprès de l’Unesco), les trois communes d’Arles sur Tech, St- Laurent de Cerdans et bien entendu.de Prats de Mollo. Et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’elle a retrouvé dans la salle un certain nombre d’authentiques acteurs de ces populaires Fêtes d’autrefois, qu’elle commençait tout juste à observer..

Cette conférence, présentée avec finesse et profondeur, avait été organisée par le Pays Pyrénées- Méditerranée dans le cadre de l’opération « En Course pour l’Unesco »

Sophie et d’anciens « sujets d’étude » (photo JF Pompidor)

une assistance « toute oreilles (photo JF Pompidor)

Conférence ( En cOURSe pour l’UNESCO )

Bonjour,
Sophie BOBBÉ, anthropologue parisienne, revient sur l’un de ses premiers terrains d’enquête trente après son étude sur les fêtes de l’Ours en Catalogne. 
Ainsi, elle a découvert la fête de Prats-de-Mollo en 1984 et 1985 et celles d’Arles-sur-Tech et de Saint-Laurent-de-Cerdans en 1986.
Elle proposera une conférence « Il était une fois des ours » à Prats de Mollo la Preste sur le thème des rapports hommes-ours le SAMEDI 26 NOVEMBRE à 17h (salle polyvalente – Cinéma Le Nouveau Palace).
Cette rencontre sera suivie d’un apéritif convivial.
Comptant vivement sur votre présence,
Bien cordialement
Christelle Nau
confours

Les Adieux à Jean Lareuse

jlUn artiste reconnu, qui a porté avec talent les couleurs et l’art catalans outre- atlantique, est revenu ,il y a peu ,à Prats de Mollo, retrouver,- mais à jamais cette fois ci, une partie de ses racines, là même où il séjournait chaque été avec son épouse,
Jean Lareuse laissera dans la mémoire des Pratéens de souche et de coeur une trace indélébile : outre la restauration de l’écusson de la Cité , altéré par les inondations, il a passionnément contribué à l’embellissement de la Chapelle des Saintes Juste et Ruffine,construite au XVII° à l’emplacement même où avait eu lieu un des miracles qui leur étaient attribués ; les trois prodiges de ces élues, ainsi que le rappel de leur supplice, sont également reproduits sur la façade et les murs de l’édifice , parmi une vingtaine d’autres tableaux ou vitraux, exposés en permanence,représentant le Christ, des Madones, et retraçant les « quatre étapes du destin de l’Homme ».
Né en 1925 de père cérétan et de mère pratéene, dont il a été très tôt orphelin, élevé en internat religieux à Perpignan, Jean Lareuse exerce des activités professionnelles à Bourg Madame et à Port Vendres, puis suit les cours de l’Ecole des Beaux Arts de Paris, avant de gagner les Etats Unis, pour poursuivre sa carrière encore débutante d’artiste peintre et où il y fondera une famille. Il réusira pleinement sur ces deux plans,et créera en 1968 à Washington la « Galerie d’Art Lareuse », tout en exposant ses œuvres à une cinquantaine de reprises, tant en Amérique qu’à Paris, et pour la dernière fois à Collioure cette année (évenement relaté ici même en octobre) .
Se voulant libre et « hors de toute Ecole », sa palette créative -où l’on peut déceler un « mélange de techniques impressionnistes et pointillistes », est très variée : outre divers sujets sur céramiques et sculptures, ses thèmes picturaux de prédilection vont des Marines et des Paysages, aux Natures Mortes et Personnages –notament des portraits de famille ou de Nonnes- en passant par les Chevaux, dans de vivantes scènes de courses ou de chasse, l’ensemble « aux couleurs gaies et franches ». Mais la part la plus touchante est, comme on l’a vu, celle de la Peinture Sacrée, proche du style de la Renaissance,et inspirée des costumes et des visages -« aux contours naturels «  et « pleins et de piété »., trouvés sur les  «  retables des eglises catalanes romanes » …
Souhaitons que le petit sanctuaire qui , au cœur du village, abrite ces gracieuses expressions de piété demeure pour toujours accessible aux promeneurs à la recherche de paix ,et de silence et de recueillement

(« clichés extraits de l’ouvrage sur l’artiste «Jean Lareuse, le plus Catalan des peintres américains » 2012 )

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Prats de Mollo

L’APLEC DES « ANGELETS DE LA TERRE »

Peu après le traité des Pyrénées de de 1659, Louis XIV, qui venait d’imposer  la taxe sur le sel (la gabelle) aux Catalans malgré ses promesses, se heurtait à une révolte populaire (le sel destiné au bétail servait aussi à l’époque à conserver la viande) menée par les « Angelets de la Terra », animée  par le pratéen Jep de la Trinxéria, et combattue par François de Sagarra, à la tête des troupes royales.(1)

C’est donc cette année encore, qu’a été  organisé à Prats la manifestation festive « l’ Aplec des Angelets », avec la projection de la comédie musicale « les Angelets de la Terra  » (musique de de Jordi Barre, paroles de Joan.Tocabens ), à la mémoire des courageux montagnards du Haut Vallespir, qui ont osé défier une armée puissante et aguerrie, témoignant une fois de plus de leur attachement à leur histoire et à leur culture, pourtant délibérément ignorées par la toute récente refonte de la Région, (devenue « Occitanie ») effaçant toute référence à la catalinité.,

La journée a été marquée par la traditionnelle marche sur le sentier historique de la « Retirada » (emprunté aux débuts de 1939 par les réfugiés de la Guerre Civile), agrémentée d’un repas typiquement local, (prisé par les Muletiers d’antan) et s’est achevée par des rondes de sardanes animées par la cobla « Tres Vents »

  1. signalons à nouveau que l’un des épisodes les plus spectaculaires de ces affrontements, une embuscade dénommée  » la Batalla de Maurès », entre Arles sur Tech et Prats de Mollo,  est décrit par Robert FAITG dans un article intitulé  » « du Cami Reial aux  Angelets de la Terra », publié dans  le n° 3 de la revue « Costabona », éditée par l’association Velles Pedres i Arrels.

    la pochette de la comédie musicale

 

 

 

 

un souvenir bien ancré à Prats

UN PRATEEN HONORE AU CHATEAU ROYAL DE COLLIOURE

Jean Lareuse, « le plus catalan  des peintres américains » , est au premier rang de l’exposition organisée par le département des Pyrénées Orientales du 12 mars au 14 avril, sur le thème « Dieu souffle la vie », dans l’imposant Château des Rois de Majorque qui domine le port de Collioure, en partenariat avec la « Confrérie de la Sanch » (célèbre pour les processions de la Passion à Perpignan )  , et à laquelle participent une quarantaine d’artistes (peintres, sculpteurs, calligraphes, photographes).

Elle met en relief la face spirituelle de ce peintre, installé aux Etats Unis, et qui a notamment participé à la restauration de la chapelle Saintes Juste et Rufine de Prats de Mollo –en l’ornant de ses tableaux dédiés au culte marial.

la Vierge et Collioure, une des œuvres exposées

la Vierge et Collioure, une des œuvres exposées

LES CHEMINS DE LA LIBERTE

Ou « l’Histoire des Passeurs de Montagne »

L’ultime panneau, dans les Pyrénées Orientales, des « Chemins de la Liberté » a été inauguré sur la parking de la station thermale de la Preste, point de départ de plusieurs sentiers raides conduisant à la proche frontière franco espagnole , en présence de nombreuses autorités civiles, militaires et associatives ( dont la Secrétaire d’Etat Ségolène Neuville), un public ému et des représentants des familles de passeurs ( Galsomias-Pouliguen, Pagès, Homs, Campana, Dehoux, Espériquette , Brune) .

Jean Pierre Bobo, professeur d’Histoire Honoraire et spécialiste de cette période, fit un retour (comme il l’avait fait peu avant à Prats e Mollo au cours d’un conférence) sur cette efficace et précieuse contribution à la Résistance, de courageux montagnards locaux pour aider, au péril de leur vie, de nombreux évadés à fuir le régime nazi. L’emprunt de ces mêmes sentiers mais dans l’autre sens, fut également évoqué à propos de la Retirada, et de l’exode des familles espagnoles du fait de l’avancée de troupes franquistes.

(Voir « l’Occupation allemande autour de Prats de Mollo », article de Guillem Castellvi sur le n°2/2013 de la revue Costabona – et, tout particulièrement « l’Occupation à Prats de Mollo » article de JF Pompidor sur le n° 5/2016 de la même revue)

L’hommage public

L’hommage public

 

le panneau commémoratif (photos JF Pompidor)

le panneau commémoratif
(photos JF Pompidor)

Una mirada sobre l’ós : Souscription au Catalogue

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L’association Costumari de Catalunya Nord organise à Prats de Molló une exposition intitulée : « Una mirada sobre l’ós », présentant le reportage photographique, réalisé en Février 1952 à Prats de Mollo, par Jean Ribière. Ce travail sera accompagné par l’édition d’un catalogue publiant la totalité des images exposées. L’exposition se déroulera du 9 décembre 2016 au 10 mars 2017 à la salle des mariages de la Mairie de Prats de Mollo La Preste.

La souscription peut s’effectuer en récupérant un bulletin de souscription à la Mairie de Mollo la Preste ou à l’office du Tourisme au prix de 12 € par catalogue (Le prix de vente final sera de 15 €)

On peut également souscrire par internet sur le site « Verkami.com »

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