CATALANS ET/OU OCCITANS ?

Si vous passez par Prats de Mollo ,vous rendant en Espagne ou en revenant, à pied ou sur roues, vous êtes prévenu : vous vous trouvez bien désormais en «  Pays Catalan » ; inédit, ce nouveau signalement – dorénavant apposé à l’entrée de la plupart des agglomérations des Pyrénées Orientales, ne manque pas ici de surprendre par son évidence, en ces hautes terres frontalières de l’ancien Comté de Barcelone, imprégnées d’une culture commune, irriguées depuis par de multi- séculaires échanges économiques et sociaux .

Pourtant cette banale indication qui, ici , parait aller de soi , n’est qu’une des manifestations les plus visibles de l’effervescence qui agite depuis l’été dernier tout le Département, depuis la consultation populaire, au mois de juin , sur le choix du nom de la nouvelle Région, issue de la fusion des deux préexistantes, (« Languedoc Roussillon » et « Midi – Pyrénées » avec respectivement Montpellier et Toulouse à leur tête ). Car l’ option finale et exclusive « Occitanie », (même ultérieurement tempérée du sous- titre géographique « Pyrénées- Méditerranée») gommait ainsi toute référence à la catalanité (précédemment incluse dans le terme «Roussillon ») . Elle ne manquait dès lors pas de provoquer, pour obtenir au moins l’adjonction des mots « Pays Catalan », une série de réactions d’ordre populaire, politique, ou juridique, allant de la création de « collectifs », de requêtes, de manifestations, à l’engagement de recours devant le Conseil d’Etat, ou, à titre subsidiaire, à la revendication d’une nouvelle appellation pour le département, incluant l ‘adjectif « Catalan », ou enfin à la création, prévue par la Constitution,, d’une nouvelle « Collectivité territoriale unique », à l’exemple de la Corse.

Cette vive émotion, ces multiples pétitions, pourraient étonner ou prêter à sourire, si elles ne reflétaient d’abord le sentiment d’isolement éprouvé en regard de la vaste et puissante nouvelle Région. Et surtout si cette agitation ne visait pas en réalité à repousser la menace durement ressentie de la disparition programmée -et donc de la négation- de toute la spécificité catalane , de son histoire , de sa langue, auxquelles les Français de ce bout des Pyrénées, (dont pourtant la fidélité à la France peut ici se mesurer à l’impressionnante liste des victimes de deux Guerres Mondiales sur le Monument aux Morts de la Cité) sont, de si longue date, viscéralement attachés, et aimeraient pouvoir le rester, en ce monde de plus en plus déboussolé.

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VINGT ANS D’EPREUVES

C’est une période peu connue en France, celle de la fin de la Guerre civile espagnole et de ses douloureuses suites, entre 1939 et 1959, qui est donnée à voir ces temps-ci au Salon d’Honneur de la mairie de Prats de Mollo. Elle est organisée dans le cadre des échanges culturels animés par le Pays d’Art et d’Histoire Transfrontalier du Tech et du Ter, à l’aide de panneaux réalisés par l’Ajuntament de Barcelone conjointement avec le Muséeu Etnologic, et prêtés par la Casa de la Generalitat de Perpignan.
Intitulée « Fam i Guerra a Catalunya », elle évoque les tragiques moments de répression et de disette dont s’est accompagnée , pendant au moins deux décennies, la prétendue «  libération » de l’Espagne par les troupes franquistes.

Pour Prats de Mollo , qui au début de l’hiver 1939 a vu -et provisoirement accueilli -près d’une centaine de milliers de soldats et de familles franchir le Col d’Ares sous la neige, ces épisodes font revivre des souvenirs poignants , auprès des témoins, mais plus encore des descendants de ces réfugiés, dont un certain nombre se sont établis avec succès dans le Département, revivifiant à cette occasion la culture catalane commune.

la présentation de l’exposition (photo JF Pompidor)

UN TEMOIGNAGE PATRIMONIAL EXCEPTIONNEL

La fête de l’Ours à Prats de Mollo il y a 65 ans


Prats de Mollo n’en finit pas de renouer avec la mémoire de ses traditions, dans ce qu’elle ont de plus lointain et donc de plus authentique  :
après la conférence, le mois dernier d’une anthropologue du CNRS, Sophie Bobbé , (-complément à son enquête de terrain ,il y a un trentaine d’année-, sur ce rite populaire local chargé de symboles qu’est la Fête de l’Ours,) , c’est sous la forme d’un reportage de nature ethnographique , réalisé dans notre Cité il y a plus de 6O ans par un professionnel de la photographie , qu’une nouvelle visite du passé nous est à présent proposée à la Médiathèque.

Scientifique ou artistique, cette double remontée aux sources n’ a pas manqué de toucher tous ceux qui s’y sont reconnus avec émotion , acteurs directs (-comme d’anciens hommes-ours et leur escorte,) ou – encore tout gamins- ,simples témoins captivés par l’enchainement de chacune des scènes de ce spectacle rituel, profondément enraciné dans l’imaginaire des Pratéens.

Cette fois ci, c’est l’association « Costumari de Catalunya Nord », dédiée au recueil des coutumes festives catalanes, qui , en partenariat avec la Municipalité, a organisé cette manifestation, -précédée d’une souscription et doublée d’un catalogue,- à partir d’un fond «Jean  Ribière », du nom de cet ancien journaliste et fondateur d’une Agence ,auteur de véritables reportages sur les anciens modes de vie et d’activités dans notre département. Prises lors des Fêtes de l’0urs de 1952, les 36 vues inédites en noir et blanc,  au remarquable rendu «  argentique », ont été captées la plupart sur le vif, avec le coup d’œil précis et aiguisé d’un homme de l’art.

Mais laissons parler Guillem Dalmau, rédacteur du catalogue (et co- organisateur de l’exposition avec Oriol Lluis Gual) : « à la différence des images disponibles, photos « souvenir »-, souvent posées et convenues », et « en la quasi-absence d’archives écrites »..« il s’agit d’une des premières  démarches de reportage .. complet et dynamique» sur le déroulement de la Fête. Quant à l’enseignement qu’on peut en tirer, c’est que « depuis les années 1950 la tradition a été maintenue », qu’elle était alors « très peu médiatisée » (« ni spectateur ni curieux, rien que des Pratéens »), que certains détails de la fête ont un peu évolué depuis, et enfin que son  « organisation était spontanée, » et «  transmise  oralement et de mémoire entre les générations »

Un pas de plus, et d’excellent niveau, dans la mise au jour progressive de ce précieux volet de notre patrimoine…..

(de G à D) : le Maire, la fille de Jean Ribière, Guillem Dalmau, Oriol Lluis Gual (photo JF Pompidor)

Canigou et Soleil couchant

C’est par un article récent paru sur le quotidien départemental l ‘Indépendant que revient à la mémoire du lecteur l’évidence que la Méditerranée, vaste étendue d’eau salée qui borde tant de pays liés par une histoire plurimillénaire et un climat communs , reste toujours aussi proche et familière à tous ses riverains , méritant ainsi toujours son nom de « Mare Nostrum ».

En effet c’est, en ce début de mois, grâce à Alain Origné, astrophysicien, qu’est ainsi publiée une indiscutable confirmation optique de la réalité de ce qu’on croyait être une légende ou une galéjade , celle de la vue , au soleil couchant, autour du 9 février et du 31 octobre , du Massif du Canigou à partir de Marseille, situé à 25O kms ; un tel spectacle était en effet tenu jusqu’ à présent pour impossible, toute ligne droite tracée entre les deux passant théoriquement à 120 m au-dessous du niveau de la mer.

Cette nouvelle preuve n’a pas qu’un intérêt scientifique : une telle proximité inespérée (la voie terrestre s’étale sur près de 400 kms) réjouira, non sans émotion, les Provençaux d’origine Catalane, et notamment les Pratéens vivant en Provence. Il ne faut pas oublier en effet que la haute vallée du Tech serpente au pied du versant Sud de cet imposant massif, chargé de légendes, qui s’élève à 2.750 m, et que ses propres et plus hautes estives s’arrêtent à la limite des paysages minéraux entourant sa cime.

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La preuve… chiffrée !!…

Observation du Canigou aux environs de Marseille le 4 fevrier 2011
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Observation du Canigou aux environs de Marseille le 4 fevrier 2011